vendredi 17 octobre 2014

Participez à la semaine internationale du libre accès

C'est du 20 au 24 octobre 2014 que se déroule cette année la semaine internationale du libre accès, sous la thématique Génération ouverte.

Le Groupe des technologies de l'apprentissage participe à sa manière en collaborant à la mise sur pied des activités de l'Université de Moncton visant à marquer l'événement.

Nous serons actifs dans les médias sociaux avec le mot-dièse #libreaccesudem, plus particulièrement à partir de la page Facebook de la Bibliothèque Champlain.

jeudi 2 octobre 2014

Premier Forum du Réseau francophone de l'innovation, à Namur

J'ai été convié à participer au premier Forum du Réseau francophone de l'innovation la semaine dernière, à Namur. J'intervenais à titre de "discutant" dans l'atelier sectoriel du Numérique et de l'économie du savoir, l'un des quatre thèmes transversaux recoupant les divers aspects de l'innovation. Les trois autres thématiques dites transversales sont l'Agro-alimentaire, les Technologies et l'économie vertes, et les Industries culturelles et l'économie de la culture.

Nguyen Thi Ngoc Lan, Pierre Ouedraogo, Yves Miezan,
Jean-Michel Cornu et Florent Youzan
Pierre Ouedraogo, directeur de la Francophonie numérique à l'OIF*, présidait cet atelier qui était animé par Yves Miezan, de la  Fondation africaine des logiciels libres. Y participait également, Louise Bertrand de l'IFADEM** avec qui le GTA*** a développé son récent cours en ligne ouvert et massif (CLOM) portant sur les ressources éducatives libres (REL).

C'est Jean-Michel Cornu, de Forum InnovAfrica, qui a lancé les discussions en citant cinq études de cas qu'il a présentées comme autant d'histoires d'innovations africaines basées sur les technologies. InnovAfrica agit véritablement comme un pionnier en ce domaine, utilisant le libre et l'entrepreneuriat pour aider les acteurs locaux à "monter en compétences" pour reprendre le vocabulaire de Jean-Michel.

Florent Youzan, Nom inconnu, Louise Bertrand,
Denis Cocconcelli, Michelle Mongo
Ce témoignage a bien mis la table pour accueillir Henry Nyakarundi, un jeune innovateur qui a raconté son idée d'entreprise et comment il la bâtit, un prêt et une amélioration (innovante) à la fois. Pour l'instant, j'aimerais revenir sur quelques-uns des points que j'ai touchés lors de mon intervention:
  1. Le numérique se prête particulièrement bien à l'innovation, par son maillage dans tous les aspects de nos interactions quotidiennes avec l'environnement, comme on l'envisage au premier plan. Mais le numérique se prête aussi à l'innovation par la nature même du média. J'en voulais comme exemple le concept de programmation orientée objets qui a été popularisé vers la fin des années 90 et qui demeure aujourd'hui l'un des fondements de la programmation. Dans ce modèle, chaque fonction encodée séparément devient une unité autonome éventuellement incluse dans un ensemble supérieur de fonctions qui ensemble fondent à leur tour une nouvelle entité cohérente pouvant être utilisée dans un autre contexte. Les développeurs travaillent donc avec des librairies d'objets et c'est ce même concept qui a donné naissance aux objets d'apprentissage que nous connaissons maintenant sous l'appellation de REL. Les REL, comme tout le domaine du libre dans le numérique, sont elles-mêmes à la base d'une révolution dans l'apprentissage, révolution qui procède bien sûr de l'innovation!
  2. Le libre et l'innovation permettent à leur tour l'émergence de nouveaux modèles d'affaires. J'en donnais des exemples bien connus pour les participants à REL 2014, ainsi que d'autres comme la technologie perturbatrice qu'est la voiture électrique (non pas pour le libre, mais bien par l'innovation fondamentale qu'elle représente dans une industrie omniprésente de l'activité humaine), un fabuleux potentiel de bouleversement de l'économie mondiale.
  3. Un bémol quant à la nature de l' "innovation". Le mot évoque immanquablement les technologies, comme les nouvelles plateformes mobiles et les applications associées à des appareils destinés à faire mieux et plus rapidement sans intervention humaine ou au service de l'humain. Le mot évoque aussi les nouveaux secteurs industriels comme la nanotechnologie, la génétique, les biotechnologies et tant d'autres. Pourtant, l'innovation c'est aussi la capacité de poser un regard neuf sur l'environnement quotidien et d'imaginer de nouvelles façons de faire les choses. J'en donnais comme exemple la belle histoire du Réseau des cafétérias entrepreneuriales (que je ne reproduis pas ici, mais que je vous invite à consulter).
  4. J'ai aussi questionné l'éléphant dans la pièce et les dinosaures dans la salle. L'éléphant à mes yeux était l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) qui participait au Forum avec le statut de partenaire privilégié. Ituku Elangy Botoy en présentait d'ailleurs la composante registre de brevets du projet Ardi. Je qualifie cette présence et ces initiatives d' "éléphant" parce que nous étions nombreux à être étonnés d'entendre présenter la propriété intellectuelle sous son volet des interdits, des barrières, des protections, voire même de la déception**** sans pour autant questionner cet état de faits alors que pour l'innovation justement, particulièrement dans le domaine du numérique, c'est le modèle du libre qui émerge et permet une nouvelle économie. J'ai pour ma part mis l'accent sur le fait que libre ne va pas à l'encontre de la propriété intellectuelle, au contraire, mais qu'il convient d'en comprendre les fondements (en particulier le fait que d'apposer une licence ouverte ou libre protège toujours la propriété intellectuelle, en indiquant les droits d'utilisation plutôt qu'en laissant planer une couverture d'interdits) pour que les pays du Sud ne se contentent pas de reproduire les modèles périmés du Nord (comme ces registres à accès protégés), mais qu'ils prennent plutôt la balle au bond et partent de pratiques novatrices comme justement le libre. Le lecteur aura bien sûr compris que les dinosaures dans la salle étaient tous ceux qui souscrivent encore à ce vieux modèle de propriété intellectuelle sans comprendre combien la main-mise des groupes d'intérêts bien financés est néfaste pour le reste de la société. Bref, le syndrome sociétaire dénoncé dans le slogan Nous sommes les 99%*****. Somme toute, cet équilibre nécessaire entre la propriété intellectuelle et le libre est bien traduit, au point 9 de l'Appel de Namur.
  5. En guise de conclusion, j'ai suggéré que le plus grand potentiel d'innovation réside sans doute chez les jeunes, pour leur perspective audacieuse et anti-conformiste, et chez les femmes, en raison de leurs préoccupations alternatives et complémentaires. J'ai aussi suggéré qu'il était important de favoriser les nouveaux modèles d'affaires que permettent le mariage du numérique et du libre, et de participer aux communautés innovatrices. J'ai mis un accent particulier sur le potentiel des nouveaux modèles pédagogiques que permettent les technologies, particulièrement la pédagogie inversée dans les CLOM (en écho à Louise Bertrand), et la redistribution des ressources enseignantes qui devient un corollaire possible du CLOM lorsqu'on le sert "wrapped". Enfin, j'ai fait une mise en garde à l'encontre du miroir aux alouettes que peuvent être les technologies lorsqu'elles sont discutées entre individus bien nantis alors que la fracture numérique, loin de se résorber, tend à s'agrandir.
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* Organisation internationale de la Francophonie
** Initiative francophone pour la formation à distance des maîtres
*** Groupe des technologies de l'apprentissage (Université de Moncton)
**** En matière de stratégie militaire: Mesures visant à induire l'ennemi en erreur, grâce à des truquages, des déformations de la réalité, ou des falsifications, en vue de l'inciter à réagir d'une manière préjudiciable à ses propres intérêts.
***** Voir aussi le dossier La Presse des Indignés et sa réféfence Wikipédia